Topic 7
15/04/2021
Intro
La transition écologique et la transformation numérique sont des objectifs inaliénables, qui requièrent toutefois des investissements massifs, tant publics que privés. Les investisseurs publics s’intéressent de plus en plus à l’investissement durable, c’est-à-dire à des investissements qui créent de la valeur, offrent des rendements positifs et ont un impact à long terme sur la société, l’environnement et la performance de l’entreprise. Les inégalités au niveau macroéconomique sont un obstacle à la croissance économique, elles réduisent la résilience aux chocs et constituent une bonne mesure de l’instabilité socio-politique susceptible in fine d’affecter aussi le système financier. Au niveau microéconomique, une menace potentielle à la performance des investissements provient des risques règlementaires et de réputation auxquels s’expose une entreprise, parmi lesquels les violations des droits du travail et/ou en matière de salaire équitable.
L’investissement durable se trouve à la croisée des décisions politiques. Les investisseurs affectent l’offre et la demande de titres lorsqu’ils agissent sur la base de leurs propres opinions, mais les gouvernements peuvent orienter les retombées financières en régulant les secteurs liés aux critères ESG1 . Citons à titre d’exemples le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et l’influence néfaste du prix des actifs régionaux sur le socle environnemental. Dans ce contexte, et grâce aussi aux cadres de politique publique, 2014 a été une année charnière pour les investissements ESG, dont les rendements ont surperformé par rapport aux investissements ne répondant pas aux critères ESG. Depuis 2018, les investissements sociaux (le « facteur S ») sont surperformants par rapport aux indices des marchés financiers.
Un autre aspect réside dans la complexité croissante de l’investissement ESG, les investisseurs adoptant une approche plus dynamique et pariant sur les futurs « vainqueurs » ESG en s’engageant dans des sociétés (pour influencer l’amélioration de leur taux d’ESG) au lieu de se contenter d’écarter les sociétés les moins performantes.
Toutefois, il reste des obstacles au financement social, écologique et inclusif. Pour être efficaces, les méthodes d’investissement nécessitent un consensus et doivent être mises en œuvre de la bonne manière, et de plus en plus, avec les données adéquates. La plupart des problématiques actuelles (changement climatique et inclusion sociale, par exemple) ne sont pas encore complètement arrivées à maturité. L’environnement est probablement la problématique la plus avancée : il existe un consensus scientifique sur son impact et l’on voit de plus en plus se développer des méthodes applicables, et bien que l’on manque souvent de données, les choses s’améliorent. Par contre, les investisseurs continuent de déplorer le manque de consensus réel sur les problèmes sociaux, alors que du point de vue des travailleurs, il s’agit davantage d’un problème d’acceptation des normes sociales actuelles.
L’investissement dans des fonds ESG pourrait être une stratégie gagnante dans l’économie post-COVID.
Tout d’abord, les fonds ESG ont été extrêmement résistants : les flux cumulés ont continué d’augmenter tout au long de la crise. Raisons possibles :
• Les investisseurs considèrent les fonds ESG comme « résistants à la pandémie », car il s’agit généralement de secteurs surpondérés qui ont mieux résisté à la crise (soins de santé, technologies).
• Les investisseurs ESG ont une perspective à plus long terme, ou sont plus « fidèles » aux fonds ESG.
Dans la sphère environnementale, on assiste à un élan grandissant en faveur de la relance écologique, qui demandera un financement massif. Certaines innovations financières sont indispensables pour accompagner ce genre de programme à grande échelle, comme la titrisation verte en Europe. Sur le plan social, le COVID-19 exercera une pression énorme sur les systèmes sociaux. Les appels à un « nouveau contrat social » dans le monde rendent la problématique du « consensus » moins difficile que par le passé. Les inégalités et le besoin d’inclusion augmentent partout. Les cadres globaux tels que les ODD, les normes de l’OCDE et les conventions de l’OIT établissent le cadre de référence pour la création d’un consensus et le développement de méthodes en faveur des investisseurs.
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Il faut développer des cadres juridiques qui encouragent les investisseurs à s’engager auprès des sociétés afin de les orienter vers des modèles propices à la durabilité. Les investisseurs doivent s’engager auprès des entreprises pour guider celles-ci vers un modèle de durabilité. La gouvernance d’entreprise doit être ouverte à l’activisme des actionnaires et à la participation des travailleurs. L’acceptation des règles et cadres nationaux, européens et internationaux, tels que les ODD, les normes de l’OCDE et les règles de l’OIT, est une étape cruciale dans le développement d’une méthode robuste d’investissement durable. Le dialogue social peut permettre de réaliser de grandes choses, surtout lorsqu’il s’agit de créer un consensus sur la notion de transition juste, en ce compris la définition d’indicateurs tangibles en soutien à de nouveaux modèles d’investissement durable.
Orateurs
Théophile Pougt-Abadie
AMUNDI
Business Solutions and Innovation
Théophile intervient au sein du bureau parisien d’Amundi sur des solutions d’investissement structurantes pour les clients institutionnels d’Amundi, avec un double axe: sur les institutions publiques (entités supranationales comme la BEI, entités nationales comme les Banques Centrales, les fonds souverains etc.), et sur les solutions vertes et sociales . La plupart de ses projets concernent actuellement les obligations vertes et le développement de ce marché, ainsi que l’intégration des inégalités et de la «transition juste» dans les cadres d’investissement. Il a également travaillé sur le conseil ESG pour des clients institutionnels. Il a une formation en finance, en gestion et en histoire économique.
Guillaume Cravero
Founder Strategic Advisor
Business&Society Advisers
Fondateur et président de Business & Society Advisers – Conseiller stratégique de l’initiative One Planet Sovereign Wealth Funds. Guillaume Cravero est diplômé de la London School of Economics et de Grenoble Ecole de Management. Il a été conseiller diplomatique de la ministre du Travail Muriel Pénicaud (2018-2019), conseiller principal en affaires sociales à BusinessEurope (2011-2018) et assistant politique à la CFDT (2008-2010). Guillaume a également été chef de projet en ligne pour le magazine Le Moniteur du Commerce International (BusinessFrance) et attaché commercial à la Commission française du commerce aux États-Unis (Chambre de commerce franco-américaine, Seattle). Il est co-auteur du livre business & leadership Creative Attitude – Une nouvelle philosophie de gestion pour inspirer, motiver, collaborer et innover en entreprise (Editions Dunod).
Jacopo Schettini
Director of Research Office
Standard Ethics AEI
Diplômé en sciences politiques, études stratégiques (MSc), Ph.D. en Finance d’Entreprise, École Doctorale de Finance, Université de Trieste. Il a commencé sa carrière professionnelle chez HSBC à Londres (1992), couvrant tous les principaux marchés dérivés: LIFFE (Royaume-Uni); CBOT (États-Unis); MATIF (France); DTB (allemand); CME (États-Unis). Il a également travaillé pour d’autres banques (comme IMI Bank à Londres, propriété du ministère italien des Finances) avant de rejoindre AEI en 2001 en tant que PDG. Ensuite, il a commencé à se concentrer intensément sur des questions telles que la gouvernance d’entreprise, la responsabilité sociale des entreprises et le développement durable. Il devient Directeur Exécutif de l’éthique standard AEI GEIE (Bruxelles) en 2004.
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