Topic 8

22/04/2021

Intro

La crise du COVID-19 met en péril bon nombre de progrès accomplis grâce aux Objectifs de développement durable (ODD). L’insécurité économique et les inégalités sont des exemples de problèmes structurels qui s’aggravent en raison de la crise du COVID-19. La tendance au déclin de la part de revenu du travail dans le PIB par rapport à la part de revenu du capital montre que la proportion la plus riche de la population est favorisée tandis que les plus pauvres sont perdants. 

Les inégalités du revenu de marché dans les économies occidentales sont trop élevées et leur réduction à un niveau acceptable demandera la mobilisation de ressources importantes. Dans ce scénario, les États utiliseront le levier fiscal et celui de la dette pour lutter contre les inégalités. Cela constitue un nouveau défi pour les systèmes d’imposition, dans la mesure où l’économie post-COVID-19 ne peut accepter un système fiscal qui prélève trop peu de taxes sur les entreprises. Les États-providence sont nationaux, bien qu’ils pourraient être plus efficaces s’ils s’enrichissaient de quelques éléments de solidarité transnationaux. Mais cela demanderait un consensus qui n’existe pas à l’heure actuelle.

 Le changement climatique doit également être vu comme une source d’inégalités, ce qui explique l’interconnexion entre les programmes écologique et social. 

Le suivi de l’ODD 8 mis en place par la CSI montre l’absence de compromis entre la croissance économique et la réduction des inégalités, mais nous devons aller au-delà du PIB comme unique mesure, car la croissance ne garantit pas à elle seule un plus grand bien-être pour tous. Le suivi de l’ODD 8 nous indique par ailleurs qu’il existe une faible corrélation entre le RGB par habitant et la qualité de l’emploi, que la plupart des pays ont une main-d’œuvre vulnérable, et que le respect des droits des travailleurs est indépendant de la performance économique des pays.

Les inégalités grandissantes requièrent des solutions qui remettent en question l’approche actuelle de la redistribution et vont vers un État-providence 3.0 qui combine les objectifs de réduction des inégalités et de promotion de la croissance économique afin de construire un nouveau contexte économique et social (voir également le sujet 8). 

Les syndicats jouent un rôle important, car ils influencent la législation sur le travail pour garantir une distribution plus équitable des revenus avant impôts et transferts. Au travers du dialogue social et de la négociation collective, les syndicats devraient niveler l’indice salarial sur l’indice de productivité du travail afin de protéger le revenu disponible. Ils devraient par ailleurs encourager des conditions de marché du travail et sociales (sur la base des ODD) pour les fonds et les investissements (voir aussi la réciprocité dans le sujet 3). La progression vers la reprise socio-économique et la résilience devra être guidée par des mesures spécifiques qui rendent les systèmes d’imposition plus progressifs, assurent la création d’emplois décents, s’attaquent au changement climatique et encouragent de nouvelles technologies numériques et écologiques. Cela nécessite un nouveau concept de travail ainsi qu’un nouveau concept de richesse : en d’autres termes, un nouveau contrat social (voir également le sujet 3). 

Les politiques de redistribution doivent se baser sur un véritable sens de la solidarité dans et parmi les pays (le multilatéralisme/la coopération internationale/la solidarité transfrontalière sont également traités dans les sujets 1, 3 et 7). Nous devons créer de la solidarité entre les États membres et avoir un véritable État-providence à l’échelle supranationale, abandonnant ainsi le contrat social national (voir également les sujets 1 et 5) pour un contrat social européen et mondial. Dans ce contexte, la « gouvernance » constituera un défi majeur, non seulement au niveau national, mais aussi supranational. Nous devons renforcer le multilatéralisme et la gouvernance mondiale pour fournir des réponses globales (voir également le sujet 1). Dans le contexte des ODD, les données sont d’une importance particulière pour la gouvernance. Il nous appartient d’améliorer la disponibilité et la comparabilité des indicateurs pour mettre en place les politiques nécessaires à une relance centrée sur les ODD. 

Pour faire face à la crise actuelle, nous avons besoin d’un nouveau contrat social qui s’appuie sur une relance portée par l’ODD 8, qui distribue davantage aux ménages à faibles et moyens revenus via les salaires et les transferts sociaux. Au travers du dialogue social et de la négociation collective, les syndicats doivent renforcer le rôle redistributeur de la législation sur le travail et promouvoir des systèmes d’imposition plus justes afin de réduire les inégalités de revenu du marché, et par conséquent redéfinir les régimes de protection sociale qui fournissent une couverture adéquate et universelle pour de nouveaux besoins. S’il importe de renforcer le multilatéralisme et la gouvernance régionale et mondiale basée sur la solidarité, il faut aussi améliorer la disponibilité et la comparabilité des données.

Orateurs

RvDH

Rolph Van Der Hoeven

Erasmus University (EUR) in The Hague

Professor 

Rolph van der Hoeven est professeur émérite d’économie de l’emploi et du développement à l’Institut international d’études sociales (ISS) de l’Université Erasmus (EUR) à La Haye, aux Pays-Bas, membre du Conseil consultatif sur les affaires internationales (AIV) du gouvernement néerlandais , et membre du Comité des politiques de développement des Nations Unies (UN-CDP). Il siège également au conseil d’administration d’un certain nombre d’institutions internationales, d’ONG et de revues. Rolph était auparavant directeur du Groupe de cohérence des politiques de l’OIT, où il a dirigé l’interaction et la coopération de l’OIT avec les Nations Unies, le FMI et la Banque mondiale sur la cohérence des politiques. Il a également été directeur du secrétariat de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation. Parmi les autres postes précédents, citons l’économiste en chef de l’UNICEF à New York, où il faisait partie de l’équipe qui a lancé la campagne sur l’ajustement à visage humain, et analyste politique pour l’OIT en Éthiopie et en Zambie, où il a conseillé les gouvernements africains sur l’emploi et les revenus Stratégies. Il a participé à divers projets de recherche de l’Institut mondial des Nations Unies sur la recherche en économie du développement (UNU-WIDER) sur la mondialisation, les inégalités et l’emploi.

Rolph est titulaire d’un doctorat en économie du développement de l’Université libre (VU) d’Amsterdam et d’une maîtrise en économétrie de l’Université d’Amsterdam (UVA) Il est l’auteur d’une douzaine de livres et de nombreux articles et chapitres de livres sur des questions telles que les besoins de base, le revenu inégalité, emploi, ajustement structurel, mondialisation et développement durable. Son dernier volume (co-écrit) s’intitule Objectifs de développement durable et inégalités de revenu

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Nicola Countouris

Director of Research Department

European Trade Union Institute

Nicola Countouris est directeur du département de recherche de l’Institut syndical européen (ETUI) et professeur de droit du travail et de droit européen à la faculté de droit de l’University College London (UCL). Avant de rejoindre l’ETUI et l’UCL, il a enseigné le droit dans les universités de Reading, LSE et Oxford, où il a également obtenu son doctorat sous la direction du professeur Mark Freedland. Il a agi en tant qu’expert indépendant pour le Bureau international du Travail, la CES et sur un certain nombre de projets financés par la Commission européenne. Il est l’auteur et co-auteur de quelque 55 publications, dont The Legal Construction of Personal Work Relations, co-écrit avec Mark Freedland et publié par OUP en 2011.

PaolaSimonetti

Paola Simonetti

Vice Director Dep. Economic and Social Policy

International Trade Union Confederation

Paola Simonetti est directrice adjointe du Département de la politique économique et sociale de la Confédération syndicale internationale (CSI). Elle dirige l’engagement des syndicats sur les objectifs de développement durable (ODD), promouvant l’action des syndicats aux niveaux national, régional et mondial, y compris les processus politiques liés aux ODD avec des institutions multilatérales telles que l’ONU, l’OIT, l’OCDE et l’UE. Auparavant, Mme Simonetti était conseillère politique à la CSI sur la politique de développement et était auparavant chef du bureau européen du syndicat italien CISL depuis 2003, en charge du plaidoyer et de la coordination des programmes régionaux.

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